IA générative : protéger les juniors pour préserver l’avenir des entreprises

Une étude de Harvard (Generative AI and the Future of Work, 2025) montre que l’adoption de l’IA réduit de 22 % les embauches de juniors, tandis que les postes seniors progressent. L’IA profite surtout aux plus expérimentés, quand les jeunes voient leurs portes d’entrée se fermer.

Un bénéfice inégal entre juniors et seniors

L’IA automatise les tâches souvent confiées aux débutants : rédiger, synthétiser, produire du reporting. Ces tâches servaient à apprendre et à faire ses preuves. Sans elles, le risque est clair : les jeunes diplômés peinent à construire leur expérience.

Dans les faits, ce sont les profils expérimentés qui tirent le plus de valeur de l’IA. Ils savent poser les bonnes questions, challenger les réponses, et fournir la bonne documentation pour guider les modèles. Les juniors, eux, risquent de s’appuyer trop vite sur la machine, au détriment de leurs compétences de base.

Un risque pour la relève et le corps social

Si les débuts de carrière se vident de contenu formateur, la relève ne se construit plus. Les entreprises perdent alors leur capacité à régénérer leurs équipes et à renouveler leurs savoirs. Le risque dépasse l’individu : il touche le corps social de l’entreprise, son équilibre et son dialogue interne.

Des leviers pour préserver les jeunes talents

Il est possible d’agir. Les organisations doivent repenser l’entrée dans la vie professionnelle. Quand les tâches de base disparaissent avec l’automatisation, il faut inventer de nouvelles situations d’apprentissage : projets courts et concrets, rotations entre équipes. L’enjeu est de maintenir une courbe d’apprentissage active, plutôt que de laisser les jeunes s’appuyer trop tôt sur l’IA.

Le mentorat devient aussi central. Les seniors doivent être valorisés dans leur rôle de transmission : guider les plus jeunes dans l’usage critique de l’IA et partager ce qui ne s’apprend pas dans un prompt.

Enfin, les entreprises doivent investir dans la relève. Nouer des partenariats avec les écoles, inventer des stages adaptés à l’ère de l’IA, proposer des parcours internes intensifs, et suivre de près le développement des juniors. Ce que l’automatisation fait gagner en productivité doit aussi servir à développer les compétences.

Si l’IA accélère les experts mais fragilise les débuts de carrière, la responsabilité des entreprises est claire : investir dans les juniors aujourd’hui, c’est assurer la compétence collective et la cohésion sociale de demain.